Fonctionnement CSE

Confidentialité du CSE : ce que doivent savoir les élus

La confidentialité est un aspect fondamental du fonctionnement d’un Comité Social et Économique (CSE). Les membres élus ont accès à des informations sensibles concernant l’entreprise et ses salariés, ce qui implique une grande responsabilité en matière de discrétion.

confidentialité du CSE

Qu’est-ce que l’obligation de confidentialité du CSE ?

 

L’obligation de confidentialité au sein du CSE repose sur plusieurs notions juridiques qu’il convient de bien distinguer :

 

  • Le devoir de discrétion : Elle est expressément mentionnée à l’article L2315-3 du Code du travail, qui stipule que « les membres de la délégation du personnel du comité social et économique sont tenus à une obligation de discrétion à l’égard des informations revêtant un caractère confidentiel et présentées comme telles par l’employeur ».
  • La confidentialité : Notion plus large qui englobe toutes les informations qui, par leur nature, doivent être traitées avec réserve, même si elles ne sont pas formellement identifiées comme confidentielles.
  • Le secret professionnel : Une obligation plus stricte qui s’applique uniquement à certains membres du CSE dans des situations spécifiques, notamment concernant les procédés de fabrication.

 

Cette distinction est importante car chaque niveau d’obligation entraîne des responsabilités différentes et des sanctions potentiellement variées en cas de non-respect.

 

Le fondement juridique de ce devoir se trouve dans le Code du travail, qui définit clairement le cadre légal que doivent respecter les élus du CSE. Ce cadre vise à protéger les intérêts légitimes de l’entreprise tout en permettant aux représentants du personnel d’exercer pleinement leurs missions.

 

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Qui est concerné par le devoir de confidentialité ?

 

L’obligation de confidentialité s’applique à tous les membres de la délégation du personnel du CSE, sans exception :

 

  • Les membres titulaires ;
  • Les membres suppléants ;
  • Les représentants syndicaux au CSE ;
  • Les experts mandatés par le comité ;
  • Le référent en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes.

 

Il est essentiel de noter que ce devoir persiste même après la fin du mandat. Un ancien élu reste tenu à la discrétion concernant les sujets confidentiels dont il a eu connaissance durant son mandat.

 

Les représentants de proximité, lorsqu’ils existent, sont également concernés par cette obligation de confidentialité, même s’ils ne sont pas formellement membres du CSE. De même, les salariés qui participeraient ponctuellement aux réunions du CSE (par exemple comme invités) seraient également soumis à cette obligation.

 

Quelles informations sont considérées comme confidentielles ?

 

La détermination des sujets confidentiels peut parfois sembler floue pour les élus. Pourtant, il existe deux grandes catégories d’informations soumises au devoir de discrétion.

 

Les informations expressément signalées comme confidentielles par l’employeur

 

L’employeur peut explicitement qualifier certains sujets de confidentielles. Ces informations peuvent concerner :

 

  • Les projets stratégiques de l’entreprise (innovations, fusion-acquisition, restructuration) ;
  • Les données financières sensibles avant leur publication officielle ;
  • Les négociations commerciales en cours ;
  • Les plans de développement à long terme.

 

Il est important de souligner que l’employeur ne peut pas qualifier arbitrairement toutes les informations de confidentielles. Cette qualification doit être justifiée par les intérêts légitimes de l’entreprise et proportionnée à l’objectif poursuivi. Dans le cadre du règlement intérieur du CSE, il est d’ailleurs recommandé de préciser les modalités de traitement des données à caractère confidentiel.

 

Les informations couvertes de manière implicite par la loi

 

Certaines sujets sont confidentiels par nature, même sans mention explicite :

 

  • Données personnelles des salariés (rémunération individuelle, situation familiale, état de santé) ;
  • Informations médicales issues de la médecine du travail ;
  • Sujets sensibles relatives aux procédures disciplinaires ;
  • Éléments relatifs à la sécurité de l’entreprise.

 

Selon une étude de la DARES en 2024, 73% des contentieux liés au fonctionnement des CSE concernent des questions de confidentialité, illustrant l’importance de ce sujet.

 

Confidentialité et fonctionnement du CSE : que peut-on dire ou non ?

 

La question centrale pour de nombreux élus reste de savoir ce qu’ils peuvent communiquer aux salariés. Voici quelques principes directeurs :

 

Peuvent être communiqués librement aux salariés :

 

  • Les activités générales sur l’activité du CSE ;
  • Les décisions prises lors des réunions (sauf celles explicitement confidentielles) ;
  • Le montant global du budget des activités sociales et culturelles ;
  • Les événements et activités proposés par le CSE.

 

Doivent rester confidentiels :

 

  • Les échanges détaillés lors des réunions avec la direction ;
  • Les informations nominatives sur les salariés ;
  • Les stratégies de l’entreprise présentées comme secrètes ;
  • Les données financières non publiées ;
  • Les transcriptions du procès-verbal CSE.

 

Pour le compte rendu des réunions, il est important d’adopter une approche équilibrée :

 

  • Présenter les décisions et informations générales ;
  • Anonymiser les situations individuelles ;
  • Exclure les informations explicitement confidentielles ;
  • Faire valider le contenu par le secrétaire du CSE.

 

Le CSE doit trouver un équilibre entre son devoir d’information, ses besoins de communication envers les salariés et le respect de la confidentialité. Les formations CSE abordent généralement ce sujet pour aider les élus à naviguer entre ces deux exigences.

 

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Les limites à l’obligation de confidentialité

 

L’obligation de non-divulgation n’est pas absolue et connaît des limites importantes que les élus doivent connaître.

 

L’obligation doit être justifiée et proportionnée

 

L’employeur ne peut pas abuser de la notion de confidentialité pour empêcher les élus d’exercer leurs missions. La jurisprudence est claire sur ce point : la qualification d’une information comme confidentielle doit être :

 

  • Justifiée par un intérêt légitime de l’entreprise ;
  • Proportionnée à l’objectif poursuivi ;
  • Limitée dans le temps si possible.

 

Un arrêt de la Cour de cassation du 5 novembre 2023 a ainsi rappelé qu’un employeur ne pouvait pas invoquer la confidentialité pour refuser de communiquer aux élus des documents nécessaires à l’exercice de leurs fonctions consultatives.

 

La protection du salarié lanceur d’alerte

 

La loi Sapin II de 2016, renforcée par la loi du 21 mars 2022, protège les lanceurs d’alerte, y compris lorsqu’ils sont élus du CSE. Un représentant du personnel peut ainsi révéler certaines informations confidentielles s’il a connaissance de :

 

  • Crimes ou délits ;
  • Menaces graves pour l’intérêt général ;
  • Violations graves du droit du travail ;
  • Risques sérieux pour la santé et la sécurité des salariés.

 

Cette protection s’applique sous certaines conditions strictes et selon une procédure précise qui implique généralement d’alerter d’abord l’employeur, puis les autorités compétentes, avant d’envisager une divulgation publique.

 

La jurisprudence reconnaît également le droit des élus à communiquer des informations aux salariés lorsque cela est strictement nécessaire à l’exercice de leur mandat, même si ces informations ont un caractère confidentiel.

 

Quelles sont les sanctions en cas de non-respect ?

 

Le non-respect de la confidentialité peut entraîner des sanctions à plusieurs niveaux. Sur le plan disciplinaire, l’élu concerné s’expose à différentes mesures, allant d’un simple avertissement à un blâme, en passant par une mise à pied. Dans les cas les plus graves, un licenciement pour faute grave ou même pour faute lourde peut être prononcé. D’un point de vue civil, si la divulgation d’informations confidentielles entraîne un préjudice pour l’entreprise, celle-ci est en droit de réclamer des dommages et intérêts. Par ailleurs, l’élu peut également faire l’objet d’une action en responsabilité civile personnelle.

 

Enfin, dans les situations les plus sérieuses, des sanctions pénales peuvent s’appliquer. Ces dernières concernent notamment la violation du secret professionnel, prévue par l’article 226-13 du Code pénal, ou encore la divulgation d’informations privilégiées, assimilable à un délit d’initié. La révélation de secrets de fabrication peut également être sanctionnée pénalement.

 

Il est important de noter que la jurisprudence tend à apprécier la gravité du manquement en fonction de plusieurs critères : l’intention de nuire, l’étendue de la divulgation, le préjudice causé à l’entreprise, et les circonstances de la révélation.

 

Comment gérer les cas sensibles en réunion ?

 

Face à des informations potentiellement confidentielles, voici quelques conseils pratiques pour les élus :

 

  1. Demander des précisions : Lorsque l’employeur présente une information comme confidentielle, demandez-lui d’en préciser les contours exacts et la durée de cette confidentialité.
  2. Obtenir une mention écrite : Assurez-vous que le caractère confidentiel soit mentionné dans le procès-verbal de la réunion pour clarifier ce qui peut être communiqué ou non.
  3. Poser des questions en séance : N’hésitez pas à interroger l’employeur sur les raisons de la confidentialité et sur ce qui peut être partagé avec les salariés.
  4. Rédiger un compte rendu adapté : Le secrétaire du CSE doit être particulièrement vigilant dans la rédaction du procès-verbal, en distinguant clairement les informations générales des informations confidentielles.
  5. Utiliser des formulations générales : Pour communiquer aux salariés, privilégiez des formulations qui respectent la confidentialité tout en donnant l’information essentielle.

 

Ces bonnes pratiques peuvent être intégrées au règlement intérieur CSE pour formaliser la gestion des informations et éviter tout malentendu.

 

Nos conseils pour respecter la confidentialité au sein du CSE

 

Pour concilier efficacement le devoir de discrétion et le devoir d’information des salariés, voici une checklist des bonnes pratiques à mettre en œuvre :

 

  • Former les nouveaux élus : Organisez des formations CSE spécifiques sur la confidentialité pour sensibiliser les membres dès leur prise de fonction.
  • Clarifier systématiquement : Posez la question du caractère confidentiel de l’information lorsque ce n’est pas explicite.
  • Anonymiser les sujets sensibles : Dans les communications externes, retirez toute référence permettant d’identifier des personnes ou des situations particulières.
  • Mentionner la confidentialité : Sur les documents sensibles, ajoutez une mention explicite rappelant le caractère confidentiel des informations.
  • Établir des règles claires : Intégrez dans le règlement intérieur CSE des dispositions précises sur la gestion des informations qui ne doivent pas être divulgées.
  • Réaliser des points réguliers : Organisez des rappels périodiques sur les règles de confidentialité lors des réunions du CSE.

 

L’adoption de ces bonnes pratiques permet de créer un climat de confiance au sein du comité et avec la direction. Cela facilite la transmission d’informations importantes pour le bon fonctionnement de l’instance.

 

Les ressources utiles pour aller plus loin

 

Pour approfondir votre connaissance sur la confidentialité du CSE et le code du travail, voici quelques ressources utiles :

 

  • Les articles L2315-3, L2312-36 et L2315-35 du Code du travail relatifs à l’obligation de discrétion ;
  • Guide pratique du Ministère du Travail sur le fonctionnement du CSE ;
  • Fiches pratiques de la CNIL sur la protection des données personnelles en entreprise ;
  • Modèles de chartes de confidentialité adaptées aux CSE ;
  • Documentation de l’INRS sur la gestion des informations relatives à la santé et la sécurité.

 

Club Employés, un partenaire pour structurer vos échanges au sein du CSE

 

La gestion de la confidentialité peut s’avérer complexe au quotidien. C’est pourquoi Club Employés propose une solution complète pour structurer efficacement les communications de votre CSE tout en respectant les exigences de confidentialité.

 

Notre plateforme sécurisée offre :

 

  • Un espace de communication dédié avec différents niveaux d’accès pour protéger les informations sensibles ;
  • Un système de gestion documentaire permettant de classer les documents selon leur niveau de confidentialité ;
  • Des outils de partage sélectif pour diffuser uniquement les informations appropriées aux salariés ;
  • Une solution conforme au RGPD garantissant la protection des données personnelles.

 

En optant pour Club Employés comme partenaire de votre Comité Social et Économique, vous pouvez simplifier la gestion de vos communications tout en vous assurant du respect des obligations légales.

 

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La confidentialité est un équilibre délicat entre transparence nécessaire et protection des informations sensibles. En maîtrisant ces principes et en vous appuyant sur des outils et des formations adaptés, vous pourrez exercer pleinement votre mandat d’élu tout en respectant le cadre légal qui s’impose à vous.

FAQ

Est-ce que le Comité Social et Économique (CSE) peut communiquer avec les salariés ?

Quels types d’informations peut diffuser un CSE ?

Quelle obligation liée aux informations confidentielles les membres du CSE sont-ils tenus de respecter ?

Quelles sont les informations considérées comme confidentielles ?

Comment le CSE peut-il sécuriser la diffusion de ses communications ?

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